Bonjour tout le monde !
Depuis la bien triste affaire de la pilule et de la répression, je n'ai rien écrit... et pourtant, la vie continue !
Je vais donc vous raconter mes petites aventures !
Rien de spécial ne s'est passé pendant ce temps... je n'ai pas voyagé ! Mais j'en ai profité pour faire des expériences et découvertes, touristiques, dans Santiago, mais aussi culinaires !
J'ai en effet profité de ce mois sans voyage pour découvrir un peu plus Santiago, et plus particulièrement mon quartier. J'ai ainsi découvert pour mon plus grand plaisir qu'à deux pas de chez moi, il y avait un marché ! Bon, c'est un petit marché, un peu cher, mais quel plaisir de retrouver cette ambiance ! Il n'y a pas à dire, ça n'a rien à voir avec les courses en supermarché !
J'ai aussi découvert des magasins sympas, des places avec fontaines... petit bonheur de la balade du weekend !
Je suis tombée par hasard sur un centre musical, juste à côté de chez moi, qui propose des cours de musique et organise quelques concerts gratuits... et le truc génial, c'est que ce centre fait parti du centre culturel de la municipalité de Providencia (mon quartier, ou plutôt ma commune, car Santiago est une ville divisée en communes), qui se trouve à 5 min de chez moi... Et ce grand centre culturel propose des cours de trapèze ! Je me suis donc remise à faire le singe, suspendue entre deux cordes, et ça fait du bien ! J'en fais deux fois par semaine, en plus de mes cours de tango... je m'active !
Puis je me suis un peu éloignée de mon quartier, pour découvrir d'autre parties de Santiago.
Pour la première fois, je suis allée manger du poisson au Mercado Central, grand classique de la ville... J'en rêvais depuis 3 mois (oui... ça fait déjà trois mois que je suis là. Que le temps passe vite !), et je l'ai enfin fait ! Ce fut un grand plaisir ! C'est super agréable, il y a des grands restos... on a préféré un petit, plus sympathique et moins cher (3,50 euros le filet de poisson grillé avec une salade, du pain et de l'eau !). Bref expérience géniale, à renouveller !
Ce jour là, je suis aussi allée voir de la Cueca, la danse traditionnelle chilienne, sur la Plaza de Armas. Super ambiance ! C'est génial parce que des gens de tous âges dansent, y compris des jeunes. Ce n'est pas du tout vu comme un truc ringard, ça fait vraiment parti de la culture pour tous, du coup ça donne lieu à de belles scènes ! Il va falloir que j'apprenne !
Enfin, ce weekend, je suis allée avec Maëlle à La Vega, marché immense... Quel plaisir ! Il se vend de tous, deux fois moins cher qu'ailleurs (0.40 euro le kilo de patate, qui dit mieux ?!!!), un marché remplit à craquer, avec des marchands qui n'essayent pas de t'entuber... j'adore ! Le problème, c'est que pour moi c'est un peu loin, alors je ne peux pas aller y faire mes courses toutes les semaines. Mais une fois de temps en temps, ça me fera bien plaisir !
En parlant de courses... on en vient à parler de cuisine ! Pour la première fois de ma vie, par un temps gris, froid et pourri, j'ai fait du pain de mes blanches mains ! Et pas avec la fameuse MAP (machine à pain pour ceux qui suivent pas ! héhé), mais en pétrissant la pâte et tout !
Voilà le résultat !
Je n'étais pas peu fière ! Et comme ça manquait un peu de sel, que j'ai trouvé des olives pas chères et de la farine complète... ben j'ai remis ça ce weekend !
Trois petits pains complets, et un pain aux olives ! Miam ! C'est facile à faire, c'est bon, c'est sain et c'est économique ! Bref, le bonheur ! Préparez vos fours, à mon retour, je continue !
Je finirai ce message par le temps... car oui, c'est important !
Ben c'est un peu étrange en ce moment ! J'ai vu plus de grisaille en deux semaines qu'en 2 mois et demi avant ! Mais le soleil reste globalement assez présent pour le moment. Par contre, on se prend de ces changement de température ! Il y a deux semaines, d'un jour à l'autre, on est passé de 27 degrés à 15 ! Et maintenant, un jour c'est l'été, un jour c'est l'automne ! On ne sais pas comment s'habiller ! Et il peut y avoir une différence énorme entre le matin et l'après midi. Assez incroyable !
Ah... et j'ai menti, mon message ne se finira pas sur la météo... mais sur l'annonce de mon prochain voyage ! Direction le sud, entre Santiago et l'île de Chiloé (voir une carte !), pendant une semaine ! Je pars dimanche prochain. Ce sera mon dernier grand voyage pendant mon stage... bon, après, je ferai des petits voyages, et dès mon stage terminé, hop ! en Argentine, puis hop hop hop, visite du nord du Chili en famille ! Alors je ne vais pas me plaindre... hihi !
Bisoux à tous !
dimanche 20 avril 2008
samedi 5 avril 2008
Climat de tension...
La lecture du message d'avant est indispensable à la compréhension de ce qui vient...
Voilà la suite des événements, à tête plus reposée.
Tout d'abord, la couverture médiatique... une catastrophe !
Certes, les journaux parlent de la suppression de la pilule, mais aucun d'entre eux n'évoque la violence et l'inutilité de la répression de la manifestation de jeudi... c'est quand même impressionnant ! Surtout vu la quantité de médias qui étaient présents. L'accès à l'information n'est pas facile, ce qui renforce le questionnement sur l'état de la démocratie chilienne.
Cette question des médias au Chili est assez préoccupante. Si je critique beaucoup les JT français, les chiliens sont bien pires ! Une ou deux informations politiques, traitées façon people, impossible de comprendre réellement ce qui se passe... puis après s'enchaînent des faits divers, des actus people, bref, c'est pas de l'information ! Presque rien sur l'étranger, ni même sur les pays voisins. Quand les médias parlent de répressions de manifestation, c'est uniquement quand il y a de la casse. Comme en France, et comme partout je pense, dans certaines manifs, il y a des gens qui n'ont rien à voir avec le thème qui s'infiltrent et s'attachent à casser des vitrines, à taper des gens... Les médias ici ne montrent souvent que ces aspects là des manifestations.
Cela, combiné avec la répression fréquente, dont j'ai fait les frais jeudi dernier, décourage totalement les chiliens de descendre dans la rue pour s'exprimer. Le but de la police (et des médias ?) de présenter les manifs comme des endroits dangereux fonctionne à merveille... même Anita, ma coloc, qui n'est pourtant pas conservatrice, d'une famille éduquée, etc, ne va JAMAIS manifester parce que "c'est trop dangereux" ! C'est dingue.... Les gens ne vont pas manifester parce qu'ils ont peur ! C'est quoi ça ?
Pour revenir au thème de la pilule...
Vendredi, les membres du Tribunal Constitutionnel ont fait une déclaration publique pour dévoiler le contenu de leur décision. Résultat : la pilule du lendemain est interdite de vente dans le système de santé public ! La loi du gouvernement actuel, qui démocratisait l'accès à la contraception, a donc été en partie déclarée inconstitutionnelle. Heureusement, le Tribunal n'a pas accepté la requête concernant l'interdiction du stérilet, ni de la pilule contraceptive "classique".
Après deux ans de lutte, le travail du gouvernement sur le sujet est en partie anéanti. Une partie de gouvernement, dont la ministre de la santé, ont répété leurs inquiétudes face à cette décision, et ont rappelé les graves conséquences que cela allait entraîné sur la santé des chiliennes... en particulier des jeunes et des pauvres, comme par hasard.
Car j'insiste sur ce point : la pilule est retirée du système public ! Ce qui fait que les riches, les milieux conservateurs qui ont fait la demande, peuvent continuer à l'acheter. Mais les femmes pauvres, les plus touchées par les grossesses indésirées, les viols (l'avortement en cas de viol n'est pas non plus autorisé) etc., n'y ont plus accès.
Le gouvernement a déclaré qu'il allait tenter un recours devant une instance internationale, mais cela prendra du temps, et la démarche n'aboutira pas forcément... en attendant, mieux vaut être riche.
J'ai été heureuse de voir que Le Monde a publié un article à ce sujet :
http://www.lemonde.fr/international/article/2008/04/05/les-chiliennes-privees-de-pilule-du-lendemain_1031322_3210.html#ens_id=1031478
Si le lien ne marche pas, mais que ça vous intéresse, vous pouvez me demander l'article par mail...
Enfin voilà... si le thème ne passe pas inaperçu, la répression, si ! Ironie de l'histoire, les "chars à eau" sont joliment appelés "guanacos"... vous vous souvenez, les beaux lamas de Patagonie ! je préfère sans hésiter le Guanaco fait de chair et d'os, que celui fait de ferraille et de produits chimiques... A Amnesty, nous avons reçu de nombreuses lettres de soutien de membres et de volontaires. L'idée est de réagir fortement contre cette répression. Au programme : un communiqué de presse relatant les faits, une lettre au ministère de l'intérieur dont dépendent directement les Carabineros (police), et une demande d'entretien avec le ministre, pour parler du problème. Je tiendrai au courant ceux que ça intéresse.
Ce blog n'avait pas vocation à prendre des allures militantes. L'idée était de vous faire voyager et de partager mes expériences... il se trouve que je me suis retrouvée au coeur de ce problème ! Ça fait donc partie de mon expérience... malheureusement d'un côté... et en même temps, ça ouvre vraiment l'esprit. Je me rends de plus en plus compte qu'en Europe, on vit sur un nuage. On a beau avoir l'impression de s'informer, d'avoir l'esprit ouvert, de "comprendre" ce qui nous entoure... on ne peut pas comprendre. La réalité quotidienne est tellement différente ici, et le Chili reste quand même une démocratie, même si elle est loin d'être parfaite ! L'état d'esprit des gens, les réactions de la police et de l'armée... les bases ne sont pas les mêmes ! Alors imaginez-vous dans une dictature... Non, vraiment, l'Europe est un endroit où il fait bon vivre, même s'il n'est pas parfait non plus et qu'il y a bonne dose de problème d'inégalités, de violence, de discrimination... Mais profitez, profitons ! Nous avons un cadre de vie assez exceptionnel. Il faut se rendre compte de la chance qu'on a !
Sur ce... bon weekend !
Voilà la suite des événements, à tête plus reposée.
Tout d'abord, la couverture médiatique... une catastrophe !
Certes, les journaux parlent de la suppression de la pilule, mais aucun d'entre eux n'évoque la violence et l'inutilité de la répression de la manifestation de jeudi... c'est quand même impressionnant ! Surtout vu la quantité de médias qui étaient présents. L'accès à l'information n'est pas facile, ce qui renforce le questionnement sur l'état de la démocratie chilienne.
Cette question des médias au Chili est assez préoccupante. Si je critique beaucoup les JT français, les chiliens sont bien pires ! Une ou deux informations politiques, traitées façon people, impossible de comprendre réellement ce qui se passe... puis après s'enchaînent des faits divers, des actus people, bref, c'est pas de l'information ! Presque rien sur l'étranger, ni même sur les pays voisins. Quand les médias parlent de répressions de manifestation, c'est uniquement quand il y a de la casse. Comme en France, et comme partout je pense, dans certaines manifs, il y a des gens qui n'ont rien à voir avec le thème qui s'infiltrent et s'attachent à casser des vitrines, à taper des gens... Les médias ici ne montrent souvent que ces aspects là des manifestations.
Cela, combiné avec la répression fréquente, dont j'ai fait les frais jeudi dernier, décourage totalement les chiliens de descendre dans la rue pour s'exprimer. Le but de la police (et des médias ?) de présenter les manifs comme des endroits dangereux fonctionne à merveille... même Anita, ma coloc, qui n'est pourtant pas conservatrice, d'une famille éduquée, etc, ne va JAMAIS manifester parce que "c'est trop dangereux" ! C'est dingue.... Les gens ne vont pas manifester parce qu'ils ont peur ! C'est quoi ça ?
Pour revenir au thème de la pilule...
Vendredi, les membres du Tribunal Constitutionnel ont fait une déclaration publique pour dévoiler le contenu de leur décision. Résultat : la pilule du lendemain est interdite de vente dans le système de santé public ! La loi du gouvernement actuel, qui démocratisait l'accès à la contraception, a donc été en partie déclarée inconstitutionnelle. Heureusement, le Tribunal n'a pas accepté la requête concernant l'interdiction du stérilet, ni de la pilule contraceptive "classique".
Après deux ans de lutte, le travail du gouvernement sur le sujet est en partie anéanti. Une partie de gouvernement, dont la ministre de la santé, ont répété leurs inquiétudes face à cette décision, et ont rappelé les graves conséquences que cela allait entraîné sur la santé des chiliennes... en particulier des jeunes et des pauvres, comme par hasard.
Car j'insiste sur ce point : la pilule est retirée du système public ! Ce qui fait que les riches, les milieux conservateurs qui ont fait la demande, peuvent continuer à l'acheter. Mais les femmes pauvres, les plus touchées par les grossesses indésirées, les viols (l'avortement en cas de viol n'est pas non plus autorisé) etc., n'y ont plus accès.
Le gouvernement a déclaré qu'il allait tenter un recours devant une instance internationale, mais cela prendra du temps, et la démarche n'aboutira pas forcément... en attendant, mieux vaut être riche.
J'ai été heureuse de voir que Le Monde a publié un article à ce sujet :
http://www.lemonde.fr/international/article/2008/04/05/les-chiliennes-privees-de-pilule-du-lendemain_1031322_3210.html#ens_id=1031478
Si le lien ne marche pas, mais que ça vous intéresse, vous pouvez me demander l'article par mail...
Enfin voilà... si le thème ne passe pas inaperçu, la répression, si ! Ironie de l'histoire, les "chars à eau" sont joliment appelés "guanacos"... vous vous souvenez, les beaux lamas de Patagonie ! je préfère sans hésiter le Guanaco fait de chair et d'os, que celui fait de ferraille et de produits chimiques... A Amnesty, nous avons reçu de nombreuses lettres de soutien de membres et de volontaires. L'idée est de réagir fortement contre cette répression. Au programme : un communiqué de presse relatant les faits, une lettre au ministère de l'intérieur dont dépendent directement les Carabineros (police), et une demande d'entretien avec le ministre, pour parler du problème. Je tiendrai au courant ceux que ça intéresse.
Ce blog n'avait pas vocation à prendre des allures militantes. L'idée était de vous faire voyager et de partager mes expériences... il se trouve que je me suis retrouvée au coeur de ce problème ! Ça fait donc partie de mon expérience... malheureusement d'un côté... et en même temps, ça ouvre vraiment l'esprit. Je me rends de plus en plus compte qu'en Europe, on vit sur un nuage. On a beau avoir l'impression de s'informer, d'avoir l'esprit ouvert, de "comprendre" ce qui nous entoure... on ne peut pas comprendre. La réalité quotidienne est tellement différente ici, et le Chili reste quand même une démocratie, même si elle est loin d'être parfaite ! L'état d'esprit des gens, les réactions de la police et de l'armée... les bases ne sont pas les mêmes ! Alors imaginez-vous dans une dictature... Non, vraiment, l'Europe est un endroit où il fait bon vivre, même s'il n'est pas parfait non plus et qu'il y a bonne dose de problème d'inégalités, de violence, de discrimination... Mais profitez, profitons ! Nous avons un cadre de vie assez exceptionnel. Il faut se rendre compte de la chance qu'on a !
Sur ce... bon weekend !
jeudi 3 avril 2008
Sortie du monde idyllique...
... et (dur) retour à la réalité !
Je suis un peu moins sous le coup de l'émotion maintenant, j'en ai pas mal parlé... Ce que je vais dire va donc, je l'espère, être assez objectif et clair.
Ce matin, nous sommes allées, en tant que membres d'Amnesty International, à un rassemblement devant le Tribunal Constitutionnel de Santiago.
Le thème ? la contraception au Chili.
Il faut savoir que sur ce plan, le Chili "pays développé, à l'économie et au système politique stables", est plus qu'en retard. L'avortement est illégal, et les moyens de contraceptions très peu développés...
Michelle Bachelet en arrivant au pouvoir, a fait voté une loi pour autoriser la pilule du lendemain, et pour " démocratiser" l'accès à la contraception. La pilule du lendemain a été autorisée à la vente en pharmacies en janvier 2007... Mais voilà, 3 groupes de pharmacies (on n'est pas en france, les pharmacies sont réparties en plusieurs groupes commerciaux) ont refusé de vendre la pilule, deux d'entre eux prétextant qu'il est difficile de se la procurer au Chili, le troisième, dont le gérant est membre de l'Opus Dei (salco brand pour ceux qui sont au Chili, évitez d'y aller !), l'a fait pour ses croyances religieuses.
Et voilà que sous la pression de ce groupe, des milieux conservateurs et de l'Eglise Catholique (très très influente), un recours est déposé devant le Tribunal constitutionnel (dernier recours) pour déclarer inconstitutionnelle la loi de Michelle bachelet autorisant ces contraceptifs, et interdire la vente de la pilule du lendemain, mais aussi, du même coup, autant en profiter, pour interdire la pilule classique et le stérilet... quitte à revenir en arrière, autant le faire dans les règles de l'art n'est-ce pas ?
Ce qu'il faut préciser, c'est que l'avortement étant interdit, supprimer la pilule multiplierait par cinq (!!!) le nombre de morts dues à un avortement illégal (étude de l'OXFAM et d'un autre organisme)
Outrés par cette mesure (combat d'il y a quarante ans en France ! on ne se rend pas bien compte...), les membres d'Amnesty ont donc décidé d'agir et de participer au rassemblement assez spontané prévu hier pour aujourd'hui devant le Tribunal Constitutionnel.
En arrivant sur les lieux, nous voyons un groupe de personnes, une centaine au maximum, pour la majorité des femmes et des journalistes, criant des slogans pour lutter contre cette dérive... le tout très pacifiquement.
A peine cinq minutes plus tard, un "tank" avec canon à "eau" est arrivé et s'est mis à disperser les manifestants, tout simplement ! Pourquoi "eau" entre guillemets ? Parce que l'eau contenait des gaz lacrymogènes et un produit qui brule la peau !
Et oui, ici, face à un rassemblement spontané de femmes et de journalistes pacifiques, réunis pour soutenir la contraception (en accord avec les idées du gouvernement puisque la ministre de la santé s'est dite "très préoccupée" par la possible interdiction de la pilule par le tribunal constitutionnel), le premier moyen utilisé pour disperser les manifestants n'est pas le dialogue, ni même des CRS... mais directement les grands moyens : de l'eau contaminée !
J'ai été absolument choquée... j'ai participé à beaucoup de manifs en France, j'ai parfois vu de la répression, j'ai parfois vu de la violence... mais ça ! Jamais !!!!!! Je n'arrive pas à exprimer ce que j'ai ressenti. Les moyens étaient totalement disproportionnés... et une telle violence !
Quant aux produits chimiques dans l'eau, ce fut ma première expérience de ce type... et je peux vous dire que c'est fort désagréable ! Une sensation de brulûre, nous avions la peau noire...
Rassurez-vous, je vais bien maintenant !
Mais je suis encore choquée et complètement indignée. Peut-on parler de démocratie quand de telles choses se produisent ? Où les gens trouvent le courage de continuer à manifester dans de telles conditions ? Comment s'exprimer ? Comment dire tout simplement ce que l'on pense ?
Mon plus grand respect à tous les gens qui continuent d'exprimer ce qu'ils pensent dans la répression... car ce que j'ai vécu là est minime. Il y a grand nombre de pays dans lesquels la situation est pire... Une grande pensée donc à tous ces gens... et aux organisations qui luttent pour la liberté.
Il est regretable de se dire qu'Amnesty est bien utile, et que ce type d'organisation a encore du pain sur la planche... mais comment avancer si on ne peux pas s'exprimer librement et pacifiquement ?
Je ne suis pas féministe, je ne suis pas choquée par un rien, ce n'était pas ma première manif, et je ne crois pas être trop naïve... mais il est vrai que je viens de France, pays qui, bien qu'imparfait, offre un certain niveau de liberté. J'ai donc des idées dans ma petite tête, et je ne pensais pas que de telles actions puissent se voir et se vivre au Chili. J'ai vu la télé aussi, des images de guerre, des images de violence... mais le vivre ! même à petite échelle... ça fait réfléchir, croyez-moi !
Et en ce sens, l'expérience ne fut pas si mauvaise... même si un peu brutale.
J'espère que ça permettra à d'autres de réfléchir, de relativiser...et d'agir !
Message un peu long... mais ça me fait du bien d'en parler !
Pour rassurer la famille et les amis, ne vous inquiétez pas pour moi ! On va tous bien, en en discute, on est bien soutenu par Amnesty, et le choc passe... d'ailleurs je ne suis pas en destructuration mentale non plus ! Rien de dramatique, si ce n'est un dur retour à la réalité, le Chili n'est pas qu'un assamblage de paysages merveilleux !
Besos a todos !
Je suis un peu moins sous le coup de l'émotion maintenant, j'en ai pas mal parlé... Ce que je vais dire va donc, je l'espère, être assez objectif et clair.
Ce matin, nous sommes allées, en tant que membres d'Amnesty International, à un rassemblement devant le Tribunal Constitutionnel de Santiago.
Le thème ? la contraception au Chili.
Il faut savoir que sur ce plan, le Chili "pays développé, à l'économie et au système politique stables", est plus qu'en retard. L'avortement est illégal, et les moyens de contraceptions très peu développés...
Michelle Bachelet en arrivant au pouvoir, a fait voté une loi pour autoriser la pilule du lendemain, et pour " démocratiser" l'accès à la contraception. La pilule du lendemain a été autorisée à la vente en pharmacies en janvier 2007... Mais voilà, 3 groupes de pharmacies (on n'est pas en france, les pharmacies sont réparties en plusieurs groupes commerciaux) ont refusé de vendre la pilule, deux d'entre eux prétextant qu'il est difficile de se la procurer au Chili, le troisième, dont le gérant est membre de l'Opus Dei (salco brand pour ceux qui sont au Chili, évitez d'y aller !), l'a fait pour ses croyances religieuses.
Et voilà que sous la pression de ce groupe, des milieux conservateurs et de l'Eglise Catholique (très très influente), un recours est déposé devant le Tribunal constitutionnel (dernier recours) pour déclarer inconstitutionnelle la loi de Michelle bachelet autorisant ces contraceptifs, et interdire la vente de la pilule du lendemain, mais aussi, du même coup, autant en profiter, pour interdire la pilule classique et le stérilet... quitte à revenir en arrière, autant le faire dans les règles de l'art n'est-ce pas ?
Ce qu'il faut préciser, c'est que l'avortement étant interdit, supprimer la pilule multiplierait par cinq (!!!) le nombre de morts dues à un avortement illégal (étude de l'OXFAM et d'un autre organisme)
Outrés par cette mesure (combat d'il y a quarante ans en France ! on ne se rend pas bien compte...), les membres d'Amnesty ont donc décidé d'agir et de participer au rassemblement assez spontané prévu hier pour aujourd'hui devant le Tribunal Constitutionnel.
En arrivant sur les lieux, nous voyons un groupe de personnes, une centaine au maximum, pour la majorité des femmes et des journalistes, criant des slogans pour lutter contre cette dérive... le tout très pacifiquement.
A peine cinq minutes plus tard, un "tank" avec canon à "eau" est arrivé et s'est mis à disperser les manifestants, tout simplement ! Pourquoi "eau" entre guillemets ? Parce que l'eau contenait des gaz lacrymogènes et un produit qui brule la peau !
Et oui, ici, face à un rassemblement spontané de femmes et de journalistes pacifiques, réunis pour soutenir la contraception (en accord avec les idées du gouvernement puisque la ministre de la santé s'est dite "très préoccupée" par la possible interdiction de la pilule par le tribunal constitutionnel), le premier moyen utilisé pour disperser les manifestants n'est pas le dialogue, ni même des CRS... mais directement les grands moyens : de l'eau contaminée !
J'ai été absolument choquée... j'ai participé à beaucoup de manifs en France, j'ai parfois vu de la répression, j'ai parfois vu de la violence... mais ça ! Jamais !!!!!! Je n'arrive pas à exprimer ce que j'ai ressenti. Les moyens étaient totalement disproportionnés... et une telle violence !
Quant aux produits chimiques dans l'eau, ce fut ma première expérience de ce type... et je peux vous dire que c'est fort désagréable ! Une sensation de brulûre, nous avions la peau noire...
Rassurez-vous, je vais bien maintenant !
Mais je suis encore choquée et complètement indignée. Peut-on parler de démocratie quand de telles choses se produisent ? Où les gens trouvent le courage de continuer à manifester dans de telles conditions ? Comment s'exprimer ? Comment dire tout simplement ce que l'on pense ?
Mon plus grand respect à tous les gens qui continuent d'exprimer ce qu'ils pensent dans la répression... car ce que j'ai vécu là est minime. Il y a grand nombre de pays dans lesquels la situation est pire... Une grande pensée donc à tous ces gens... et aux organisations qui luttent pour la liberté.
Il est regretable de se dire qu'Amnesty est bien utile, et que ce type d'organisation a encore du pain sur la planche... mais comment avancer si on ne peux pas s'exprimer librement et pacifiquement ?
Je ne suis pas féministe, je ne suis pas choquée par un rien, ce n'était pas ma première manif, et je ne crois pas être trop naïve... mais il est vrai que je viens de France, pays qui, bien qu'imparfait, offre un certain niveau de liberté. J'ai donc des idées dans ma petite tête, et je ne pensais pas que de telles actions puissent se voir et se vivre au Chili. J'ai vu la télé aussi, des images de guerre, des images de violence... mais le vivre ! même à petite échelle... ça fait réfléchir, croyez-moi !
Et en ce sens, l'expérience ne fut pas si mauvaise... même si un peu brutale.
J'espère que ça permettra à d'autres de réfléchir, de relativiser...et d'agir !
Message un peu long... mais ça me fait du bien d'en parler !
Pour rassurer la famille et les amis, ne vous inquiétez pas pour moi ! On va tous bien, en en discute, on est bien soutenu par Amnesty, et le choc passe... d'ailleurs je ne suis pas en destructuration mentale non plus ! Rien de dramatique, si ce n'est un dur retour à la réalité, le Chili n'est pas qu'un assamblage de paysages merveilleux !
Besos a todos !
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